Il suffit de classer quelques nations selon un indicateur simple, la somme des exportations et des importations rapportée au PIB (chiffres 2001), pour observer que les « petits » pays (Irlande, Pays-Bas ou Suisse) dépendent plus du commerce international que l’Allemagne ou les Etats-Unis.
Quand l’isolement du reste du monde s’ajoute à la richesse, on observe un taux d’ouverture encore plus réduit, comme le montre l’exemple du Japon.
Pour quelles raisons les échanges progressent-ils moins vite que le PIB?
C’est une histoire de commodité et de propension à la division du travail.
Les producteurs des économies riches et peuplées ont leurs principaux marchés à portée de main. Qui plus est, un grand pays peut se payer le luxe de tout produire car nulle pénurie de ressources ne le contraint à spécialiser son offre de biens et services. Centré sur ses consommateurs et doté d’une offre éclectique, le grand pays s’aventure assez peu dans les eaux froides de la concurrence internationale.
Nous tenons là une tendance du monde économique, cependant, il ne s’agit pas d’une loi.
Prenons les exemple de l’Islande et de l’Allemagne. Comment se fait-il qu’une île modeste et éloignée du continent européen ne soit pas beaucoup plus ouverte qu’un vaste état continental? Est-ce le fait, côté islandais, d’un commerce extérieur en sous-régime, ou bien, côté allemand, d’une extraversion volontariste?
Le graphique ci-dessous nous apprend que les deux réponses sont valables.
Chaque taux constaté est exprimé en pourcentage du degré d’ouverture qui découlerait « naturellement » de la géographie et des niveaux de revenu. Lorsque la réalité dépasse la prédiction théorique (valeur supérieure à 100%), nous avons affaire à un pays que l’on peut considérer comme ouvert.
Théoriquement, l’Islande devrait être deux fois plus ouverte, soit autant que les Pays-Bas. Quand à l’Allemagne, elle développe ses échanges un peu plus que ne l’exigerait la théorie gravitationnelle des échanges. La Suède et le Royaume Uni sont dans la même situation.
L’opinion répandue selon laquelle le Japon et les Etats-Unis sont protectionnistes perd en pertinence puisqu’ils commercent à près de 100% de leur potentiel.
L’Australie, qui a été mise en évidence par l’auteur de l’étude, surmonte très bien son isolement géographique.
Et la France?
Si l’on en croit ces données, l’hexagone n’est pas ouvert aux quatre vents de la mondialisation commerciale. Comme la moyenne des pays de l’échantillon, il se protège raisonnablement des échanges internationaux (90% du taux d’ouverture théorique).
Avec un petit effort, nous pourrions approcher le degré d’extraversion de la Norvège (55% du PIB). Mais nos partenaires du Sud (Espagne, Italie) sont plutôt fermés et l’Allemagne, qui se joue des lois de la gravité commerciale, semble isolée parmi les pays européens continentaux.
DG