Les droits de douane officiels sont toujours un peu trompeurs.
Les faibles taux qui sont affichés par les pays du Nord ainsi que leur réduction drastique au Sud (voir ci-dessous) sont contredits par un usage intensif des droits antidumping.
Robert Feinberg (2010) se penche sur le pays qui en use le plus: l’Inde.
L’Inde se dote d’une législation anti-dumping conforme aux règles du droit international en 1992.
En 2009, l’Inde était à l’origine de 15 % des actions antidumping, alors qu’elle pèse seulement 2% des importations mondiales.
L’Inde protège principalement son industrie chimique de la concurrence des pays en développement.
On estime qu’en l’absence d’antidumping, les importations indiennes totales progresseraient de 10%.
Pourquoi un tel engouement?
Avant les années 90, abritée derrière un droit de douane moyen de 90%, l’Inde n’avait pas besoin de pourchasser les malandrins qui vendent à prix cassé sur son marché intérieur.
A partir du moment où le pli de la mondialisation a été pris, l’Inde a appliqué ce que l’historien Jean-Charles Asselain appelle un protectionnisme d’ouverture, c’est-à-dire une protection compatible avec les accords commerciaux internationaux.
Précisons que les pays du Nord ne sont pas en reste.
Selon Prusa (2001), les antidumping américains réduiraient les importations, là où ils s’appliquent, de 30% à 50%.
DG