

C’est Christine Lagarde qui le dit: la France devrait gagner de l’argent en en prêtant à la Grèce, puisque notre pays emprunte à 3,8% des fonds qu’il envisage de prêter à 5%.
Ce n’est pas très très glorieux, toutefois, au vue des scénarii alternatifs, il s’agit encore d’un moindre mal.
Deux articles d’ Alcidi Cinzia et Daniel Gros permettent de le comprendre.
Sans cette aide, il est probable que la Grèce ne pourrait simultanément maîtriser son déficit public et sa dette (dont les intérêts représentaient en 2009 40% du déficit public).
En effet, à supposer que la Grèce ajuste ses comptes publics tout en subissant les conditions drastiques du marché obligataire (c’est-à-dire avec une prime de risque de 8% sur ses emprunts), elle ne pourrait espérer avant longtemps un accès normal aux financements extérieurs car le ratio dette/PIB pourrait grimper et se stabiliser durablement aux alentours de 150%.
Et la Grèce voudrait-elle contenir le ratio dette/PIB à son niveau actuel qu’il lui en coûterait une chute d’activité d’environ 25%, ce que les auteurs expliquent par la conjuguaison de sa relative fermeture aux échanges extérieurs et de la modération de son taux d’épargne, toutes choses qui poussent vers des sommets le « multiplicateur keynésien », de sorte que la réduction des déficits publics impacte très fortement la demande globale.
Cependant, l’histoire ne dit pas si un accord européen plus prompt, apaisant la spéculation, n’aurait pas permis aux grecs de négocier auprès de partenaires si généreux des taux inférieurs à 5%.
D. G
Alcidi Cinzia, Daniel Gros, »The europan experience with large fiscal adjustments« , 20/04/2010, Vox.
Alicidi Cinzia, Daniel Gris, « Is Greece different? Adjustments difficulties in southern Europe« , 22/04/2010, Vox.