Depuis le milieu des années quatre-vingts, les Chinois élisent leurs représentants de village.
Ces élections valent ce qu’elles valent, mais le principe d’un contrôle des représentants locaux par la population est acquis.
Une étude conduite par Monica Martinez-Bravo, Gerard Padro, Nancy Qian et Yang Yao, sur un échantillon de 217 villages dans 29 provinces, tend à démontrer que ces élections ont permis aux habitants de mieux faire entendre leurs préoccupations matérielles.
D’une part, l’offre de services collectifs a nettement progressé (écoles primaires, infrastructures sanitaires, irrigation…).
D’autre part, ces services ont été financés par des taxes locales.
Enfin, les élections ont provoqué une redistribution significative des revenus au profit des habitants les plus modestes, en particulier lors de l’attribution des terres.
Les auteurs se félicitent que l’amorce d’élections démocratiques ait accru la production de biens publics.
Contrairement à certaines craintes, l’implication populaire ne s’est pas traduite pas la dilapidation des fonds publics.
Ce résultat confirme l’intuition de Tocqueville qui, bien que critique vis-à-vis de la démocratie, lui reconnaissait tout de même la vertu d’améliorer le sort du plus grand nombre.
La révolte des villageois de Wukan, qui ont imposé leurs candidats contre ceux du parti communiste qu’ils accusaient d’accaparer les terres, indique que ces élections créent des attentes qui ne peuvent être durablement ignorées.