
Juste avant la crise, les entreprises françaises se distinguaient par un taux de rentabilité inférieur de 10 points à celui de leurs homologues européennes.
Plus précisément, en 2007, le taux de marge (excédent brut d’exploitation/valeur ajoutée brute) était de 31,2% en France, contre 40% dans la zone euro et 41,4% en Allemagne (Eurostat).
Bien que mauvaise élève du profit, la France réalisait plus de marges que les Etats-Unis (29,3%), pays béni des heures supplémentaires et des salariés flexibles.
Sur la période 2000-2007, la rentabilité française se distingue également par son inertie.

Pendant que les profits s’envolent en Pologne, en Allemagne ou aux Etats-Unis, pays dans lequel on se remet de l’explosion de la bulle internet; pendant qu’ ils s’effondrent au Danemark, en Italie ou au Portugal, rien ne trouble le taux de marge français, comme le montre le graphique ci-dessus.
A présent, dépassons le taux de marge.
Certes, il s’agit d’une variable économique importante, mais dans la mesure où l’excédent brut d’exploitation rémunère les actionnaires et les créanciers, c’est le reliquat, à savoir le taux d’épargne des entreprises, qui permet d’évaluer leur capacité à affronter l’avenir.
Comparé au taux d’épargne de la zone euro (17,1 %), celui des entreprises françaises (12,7 %) accusait un déficit de 4,4 points.

Le tableau ci-dessus permet de repérer toutes les étapes du partage de la valeur ajoutée. Une fois la masse salariale retirée (3 premières colonnes), le profit est amputé d’impôts, de charges financières et des dividendes. Il termine sa course en épargne, avec laquelle les entreprises autofinancent, en totalité ou partiellement, leurs investissements.
Comparons la France à l’Allemagne.
En 2007, le taux d’épargne des sociétés non financières allemandes s’élevait à 17,8%, soit 5,1 points de plus qu’en France.
On pourrait croire que ce bonus trouve son origine dans la faible place qu’occupe la masse salariale dans la valeur ajoutée allemande: 57,4% contre 65,1 % en France.
Ce n’est pas tout à fait exact.
En effet, pour moitié, ce surplus d’épargne provient d’une fiscalité plus avantageuse (+ 2,5 points). A cela s’ajoute le supplément de revenus tirés des investissements à l’étranger (+1 point). En sus, les entreprises allemandes ne déboursent que 1,3% de leur valeur ajoutée sous forme d’intérêts nets, contre 3,1% en France, ce qui, relativement, leur procure 1,8 points d’épargne supplémentaire.
Une question se pose: comment se fait-il qu’avec un taux de marge supérieur de 10 points au taux français, les entreprises allemandes n’engrangent que 5 points d’épargne supplémentaire?
L’explication réside dans la générosité des entreprises allemandes vis-à-vis de leurs actionnaires.
En 2007, l’ Allemagne a versé plus de dividendes (21,2% de la valeur ajoutée)…qu’elle n’a investi (18,7%).
Moins fortunées, mais aussi beaucoup plus sages, les entreprises françaises n’ont distribué que 8% de leur valeur ajoutée, soit 40% de leurs investissements.
A la lecture de ces données, on comprend mieux l’empressement de certains à importer un modèle allemand qui fait figure d’exception en Europe.
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