
Le feuilleton des anti-35 heures continue.
Je caresse l’idée d’un jingle.
La commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale vient de rendre public un rapport sur « Les faiblesses et défis du commerce extérieur ».
Pour changer, les 35 heures sont dans le collimateur:
(…) la compétitivité prix des produits français a subi des chocs importants, notamment liés aux réformes du temps de travail des années 1998 et 2000. La compétitivité prix française connaît ainsi une stagnation puis une baisse à partir de 2000.
Je suis allé à la recherche de ces « chocs importants » liés aux 35 heures.
Tout d’abord, j’ai consulté le graphique sur lequel les détracteurs des RTT s’appuient (ci-dessous).
Mais où donc est le choc?

Il est vrai que la compétitivité-prix de nos produits stagne à partir de 2000..
Mais n’est-ce pas également le cas en Allemagne, en Espagne et en Italie?
Au passage, je note qu’au pays d’Angela, comme dans celui de Nicolas, les gains de compétitivité de la période 1998-2000 s’évanouissent presque totalement entre 2000 et 2004.
Continuant sur ma lancée, je m’en suis allé feuilleter un autre rapport sur le commerce extérieur, proposé cette fois ci par le Conseil d’Analyse Economique.
On y découvre l’évolution des prix relatifs allemands, français et italiens par rapport à ceux de la zone euro entre 1978 et 2006.

Depuis Saturday night fever, les prix relatifs français ont globalement diminué de 20%, tandis que les prix allemands ont gagné 30%.
Les 35 heures n’ont pas changé grand chose à nos prix.
Et si c’était cela le problème?
Après tout, pourquoi le made in France se vend il si peu malgré des prix compétitifs?
Pour comprendre cette contradiction, il faut tenir compte de la compétitivité-hors prix, c’est-à-dire la qualité de la production.
Le rapport de l’Assemblée nationale évacue la question d’un revers de main:
La compétitivité d’un produit intègre plusieurs éléments, que l’on peut regrouper entre différences de prix et éléments hors prix (qualité, réputation, etc.). Bien qu’elle soit difficile à mesurer, la compétitivité hors prix des produits français ne saurait avoir régressé au point qu’elle expliquerait l’aggravation que connaît notre déficit extérieur depuis dix ans.
CQFD…
En réalité, les allemands sont en meilleure position que nous sur les délais de livraison et le service commercial.
La fiabilité des produits et la qualité des services associés justifient leurs hauts salaires, ce qui en retour incite à produire du haut de gamme.
La France a fait un autre choix, ce qui explique peut-être sa difficulté à répondre aux besoins des pays émergents et la moindre résistance de nos exportations à l’appréciation de l’euro.
Eventuellement, on pourrait se demander si les 35 heures n’ont pas conforté cette tendance en incitant à la modération salariale ou à l’embauche de salariés moins qualifiés et moins rémunérés.
Encore faut-il le démontrer, avec de petites équations et de jolis graphiques.
Mais les 35 heures constituent un « marqueur politique » de choix, ce qui explique la navrante partialité du rapport de l’Assemblée nationale.
Parler de qualité de la production, ce n’est pas assez clivant aux yeux de certains.
Que les députés anti-RTT fassent un petit effort de subtilité et on se donnera la peine de les prendre au sérieux.
DG
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