Pas de classes moyennes sans redistribution

Adam Smith pensait que les bienfaits de la croissance retomberaient spontanément sur tous: produisons et la « main invisible » du marché égalisera les conditions.

Or voici qu’une enquête du Crédoc démontre l’inverse.

En effet,  les classes moyennes (niveau de vie compris entre 0,7 et 1,5 fois le seuil médian) sont d’autant plus étoffées que le système  socio-fiscal l’est lui même.

Dit autrement,  un haut niveau de prélèvements obligatoires est associé à la moyennisation des revenus, tandis que les pays dépourvus de prélèvements obligatoires sont polarisés, en termes de revenus.

Les auteurs auraient pu évoquer la causalité inverse: ce sont dans les pays à fortes classes moyennes que les prélèvements obligatoires sont  soutenus politiquement.

En scrutant bien le graphique dessus, on se rend compte que la relation n’est pas linéaire et que la France, à l’instar de la Finlande et de la Belgique devraient abriter plus de couches sociales intermédiaires, compte tenu de son niveau de prélèvements obligatoires.

L’article s’interroge  sur l’environnement politique qui sied le mieux à la formation d’une vaste classe moyenne.

Selon les auteurs, ce sont les démocraties « apaisées » qui abritent le plus de couches intermédiaires (voir ci-dessous).

Là où le dialogue social, le consensus et les gouvernements de coalition font florès, prospèrent les classes moyennes.

Voyez la position inconfortable de notre pays, dans lequel la forte présence des classes moyennes ne rime pas avec consensus politique.

Dans le contexte électoral actuel, ce graphique me laisse songeur: notre pays ira-t-il vers plus de dialogue social et de renouveau démocratique, pour se rapprocher des « modèles nordiques », ou bien imitera-t-il les pays anglo-saxons à fortes inégalités?

Le 6 mai prochain apportera un début de réponse.

DG

5 commentaires sur « Pas de classes moyennes sans redistribution »

  1. Les conclusions de cet article sont curieuses en ce qui concerne le Brésil. La classe moyenne y augmente à toute vitesse, et, selon les critères locaux, la classe de revenus « C » (intermédiaire) représente depuis peu plus de 50 % de la population. Dieu sait pourtant que le système de redistribution est nul ! L’OMC classe le Brésil 2e pays le plus inégalitaire du monde derrière l’Afrique du Sud.
    L’observation de votre graph ne vaut pas démonstration…

  2. Le Brésil sort du lot, mais sa situation est l’inverse de celle que vous décrivez, me semble-t-il. Dans le premier graphique, le Brésil se situe au bas du tableau, en termes de poids des classes moyennes (35%). Cela témoigne en effet d’un haut niveau d’inégalité. Dans le même temps, le taux de prélèvements obligatoires est supérieur à 34%…mais les taxes sont dirigées en priorité vers le désendettement des administrations publiques.
    http://www.scielo.org.mx/scielo.php?pid=S0185-16672011000300006&script=sci_arttext
    Ceci dit, l’étude du Crédoc aurait mérité une comparaison inégalités/taux de prélèvements obligatoires en tendance.

    1. Merci pour la réponse et le lien.
      A tout hasard, je vroudrais vous soumettre un problème que je n’ai vu traité nulle part. Existe-t-il des économistes qui se soient penchés sur la question de la productivité, l’efficacité des Etats et de leurs administrations ?
      Je m’explique : le Brésil prélève 34 % pour un service aux citoyens minables (route, transport en commun, école, hopitaux…). En France, nous prélevons bien plus mais pour un service autrement plus qualitatif.
      Quel système coûte réellement le plus cher ? Pour un euro prélevé par l’Etat, quelle somme est reversée aux citoyens ?

      1. L’évaluation des services publics est en vogue:

        Esther Duflo est spécialisée dans ce domaine (pays en voie de dévellopement)
        http://cbhg.org/blog/2009/05/10/la-vie-des-idees-entretien-avec-esther-duflo-sur-levaluation-de-lefficacite-des-projets-de-developpement/

        Plus macro-économiquement (ex: poids des consommations intermédiaires dans les dépenses publiques)
        http://www.senat.fr/rap/r07-441/r07-44166.html

        Une synthèse:http://hussonet.free.fr/djellalg.pdf

        Une étude sur le Japon
        http://lecercle.lesechos.fr/entreprises-marches/services/221133880/productivite-indicateur-inadapte-aux-services
        Il doit exister des études sur la Finlande et le Danemark

        Deux économistes: Jean Gadrey et J m Harribey

        Une biblio en ligne: évaluation des politiques publiques Ena centre de documentation

        DG

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s